
3 questions à Globe Reporters
Former des élèves du primaire à l'éducation aux médias, n'est-ce pas un peu tôt ? Qu'essaye t-on de faire passer en premier à des enfants de cet âge ?
L’Internet responsable s’apprend avant tout à l’école. Former à s’informer et à informer, apprendre à analyser et à critiquer l’information, sans pour autant aboutir à une défiance généralisée vis-à-vis de la presse, passe en premier lieu par le système éducatif au sein duquel les enseignants se disent peu formés à cet enjeu. L’association le Retour de Zalumee et le programme Globe Reporters les accompagnent dans cette nouvelle mission et nous pensons que cet apprentissage doit commencer dès le plus jeune âge. En partenariat avec le CLEMI de Paris, nous lançons Globe Reporters Juniors destiné aux classes de l’enseignement élémentaire.
La correspondance avec des journalistes à la mode Globe Reporters et la coréalisation de reportages contribuent à la lutte contre l’illettrisme en mobilisant les élèves en difficulté d’apprentissage et en améliorent leur niveau de compétence en lecture, de compréhension et d’écriture. La coréalisation de reportages donne du sens au besoin d’écrire et favorise le goût et le plaisir de lire. L’aspect coopératif et la dynamique qui en découle dans les classes sont aussi des facteurs favorisant les autres apprentissages, développant le désir d’apprendre et encourageant le goût de l’effort.
Les objectifs de Globe Reporters Juniors sont donc multiples :
- favoriser les apprentissages comme la lecture et l’écriture ;
- comprendre quelques notions clés de la fabrique de l’information ;
- éduquer à la citoyenneté en découvrant son environnement proche ;
- former à l’esprit critique et à la liberté d’expression.
Pour ses actions, Globe Reporters mobilise des classes du monde entier...comment l'association s'adapte-t-elle aux contraintes liées à la pandémie ?
Depuis sa création, le programme Globe Reporters travaille à l’échelle de la Francophonie. Lors de l’année scolaire 2019-2020, nous avons notamment mené des actions au Québec, en Guyane et en Tunisie. Quand le confinement a été déclaré, les travaux sur le Québec et la Guyane étaient déjà bien avancés et n’ont été impactés qu’à la marge. Du côté de la Tunisie, diverses raisons, dont le confinement, ne nous ont pas permis de réaliser les objectifs prévus.
Voilà pour le passé. Concernant l’avenir, notre association a quelques atouts. Le télétravail ou travail à distance est déjà une réalité pour Globe Reporters. Nombre de nos collaborateurs, et notamment les journalistes, sont rodés à cette manière de travailler.
Nous disposons d’une interface numérique.
Le travail réalisé dans les Hauts-de-France montre que le projet a du sens à une échelle locale et qu’il peut aussi se développer sous confinement. Pour l’année prochaine, nous lançons trois campagnes avec une dimension locale et des journalistes répartis sur l’ensemble de la France hexagonale. Nous pensons pouvoir les réaliser quelles que soient les circonstances en lien avec la pandémie de Covid 19. Nous avons prévu une autre action à l’échelle européenne et une au Liban. Nous allons voir.
Comme pour beaucoup d’associations, le confinement a été l’occasion de réfléchir à nos pratiques. Nous allons utiliser de nouveaux outils et faire évoluer quelques aspects de notre dispositif, mais la philosophie générale de notre approche de l’éducation aux médias et à l’esprit critique reste inchangée. Notre projet associatif sort renforcé, car la lutte contre la malinformation est une urgence démocratique.
Une anecdote / une phrase d'un ou d'une bénéficiaire qui vous a marqué ?
Couché sur notre livre d’or, ce commentaire d’une collégienne, Élisa : « Au début, le Liban pour moi n’était qu’un pays comme un autre. Désormais, je le vois différemment avec son histoire, ses souffrances, son art et sa culture. Ce sont des différences que certains voient comme des frontières, mais que, maintenant, je ressens comme une chance. Avec Globe Reporters, on comprend que la différence n’est pas importante, qu’elle n’est plus source de peur et de réticence ».
Et le message d’une enseignante : « Merci de tout ce que vous envoyez. C'est précieux pour rapprocher les mondes, faire toucher d'un peu plus près les réalités haïtiennes. »
Ou encore : « Je tenais à vous envoyer un mail pour vous dire le plaisir que j'ai à voir la curiosité des élèves s'affiner, l'attention qu'ils portent à l'écoute des interviews, le plaisir qu'ils ont à retrouver leurs questions et à découvrir les questions des autres élèves. Un moment particulier d'émotion : l'écoute de la réponse d'Abdelatif Maamar, interrogé sur le futur de l'alimentation en eau de Tozeur (Tunisie). Il exprime sa foi dans l'intelligence des hommes pour imaginer des solutions "puisqu'on est muni d'une cervelle...". Ça a été un beau moment d'écoute réflexive. » Isabelle Perron, classe de CM1